TURQUIE

Date 25/4/2017 9:17:24 | Topic: RESUMES-(cliquez)

Turquie, Recep Tayyip Erdogan : Si seulement ! (fiction ?)
Le quartier est toujours aussi mal famé et glauque. Un espace urbanisé à la va vite, sans aucun respect des plans d’urbanisme et sans aucune planification sérieuse.
Les infrastructures qui devaient aller de pair avec la construction de tant d’immeubles, entassés les uns contre les autres, n’ont jamais suivi. Un espace encore vide de toute construction est devenu une décharge à ciel ouvert ; là s’amassaient des ordures ménagères, des vieux frigos, une vieille télé éventrée, deux matelas sur lesquels les gamins du quartier jouaient…
Le seul horizon possible était le refuge dans un de nombreux lieux de culte ou, pour échapper un peu au contrôle de la famille, tenter d’aller en ville, soit pour travailler, soit pour étudier dans une école digne de ce nom, loin du vacarme de la misère sociale, de la misère culturelle, de la misère tout court…
Un kilomètre plus loin, un terrain vague plus grand qu’un stade de foot servait de terrain de jeu, dans l’attente de la construction d’un stade flambant neuf pour le club local.
Famille pauvre, arrachée à la campagne pour cause de famines trop souvent répétées, le jeune prodige du foot a passé une enfance similaire à celle des autres enfants de son quartier, sauf qu’il a été repéré par les recruteurs de l’équipe de foot professionnelle et qu’il pouvait s’entrainer dans des infrastructures prévues à cet effet.
L’éducation que sa famille lui a donnée était stricte et les valeurs traditionnelles y avaient une place primordiale ; en premier lieu, rien n’a été négligé pour l’apprentissage de la foi et des traditions religieuses. Le jeune joueur, appliqué et strict, rêvait et aspirait à une vie de joueur de foot professionnel. La réinstallation en banlieue de la mégapole a favorisé ce rêve ; d’ailleurs, il sentait qu’il avait toujours une revanche à prendre contre la vie et la société, contre la pauvreté et l’exclusion sociale à cause de la pauvreté.
Sachant néanmoins que sa famille avait pour lui d’autres projets que le foot, il s’est toujours arrangé pour s’adonner à sa passion en dehors des heures d’école et d’apprentissage religieux ; il n’a jamais osé avouer à son père son penchant pour le foot. Sa mère, plus aimante et lui vouant un véritable culte, a accepté de jouer le jeu et l’amenait, quand il fallait et qu’elle pouvait, à certains rendez-vous footballistiques importants. Ce fut le cas à son inscription à l’académie des jeunes du club professionnel, ce fut également le cas de sa première titularisation dans les équipes des jeunes.
Le temps passant, le jeune prodige du foot a commencé à se faire une petite réputation. Le prix à payer était de dévoiler à son père son secret. Ce n’était pas chose facile et fallait trouver le bon moment pour le faire.
Le moment choisi sciemment, fut celui des dernières sélections pour intégrer le centre de formation et passer semi-professionnel. Il a réussi à persuader sa mère d’intervenir auprès de son père pour que ce dernier assiste aux festivités qui accompagnaient cet événement, vécu comme un passage obligatoire vers la gloire et la richesse par tous ces gamins des quartiers défavorisés. Le père fut amené à cette fête à contrecœur.
Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant son fils au milieu de tous ces gamins, avec plein d’étoiles dans les yeux.
Les épreuves se sont succédées, le jeune prodige les a toutes passées avec un brio jamais vu jusqu’à là dans le quartier.
A la fin, les responsables du club sont venus voir le père, dont la signature en bas du contrat - mirifique pour la famille – était nécessaire.
Pour toute réponse, le père, lance un regard noir à son épouse, fronce les sourcils et dit simplement à son fils : « Viens Recep Tayyip, rentrons à la maison en passant par la mosquée. »
Si seulement il était passé pro !

Charalambos Petinos
Historien et écrivain




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