ΚΥΠΡΟΣ

Date 21/3/2019 11:21:01 | Topic: CHYPRE

Partie occupée de Chypre : la liberté d’expression existe, à condition de plaire au Sultan d’Ankara !
Toute la presse chypriote turc datée du 13 mars 2019 parle de l’arrestation et de l’emprisonnement de Bengul Garninsu.
Mais qui est Bengul Garninsu et surtout qu’a-t-elle fait pour mériter cela ?
Bengul Garninsu, âgé de 48 ans, membre du Comité central du Parti Républicain Turc (socialdémocrate), a été arrêté dans la zone occupée de Chypre, accusée d’être impliquée dans une organisation terroriste. Les policiers qui ont fait irruption dans sa maison ont trouvé, disent-ils, les preuves nécessaires à son arrestation : Un livre interdit et un drapeau (avec une carte du Kurdistan). Elle a été présentée à un « juge » qui a émis une ordonnance de détention de deux jours à son encontre.
Je ne sais pas ce qui reste à faire dans la zone occupée de Chypre pour que le monde comprenne que les Chypriotes turcs sont également les otages de la Turquie et que cette dernière viole - avec son occupation du nord de Chypre - non seulement le droit international mais aussi les droits des Chypriotes grecs et des Chypriotes turcs.
Dans la réalité, le régime instauré par Erdogan en Turquie déborde largement dans la partie occupée de Chypre où ses partisans et toutes les « institutions » établies, contrôlées et dominées par la puissance occupante - la Turquie - fonctionnent à son seul profit et sous ses ordres.
L’arbitraire est de mise et les exemples ne manquent pas : En décembre dernier, une autre femme, Fadila Chikhou, citoyenne chypriote d’origine syrienne, a été arrêtée par le régime d’occupation après avoir franchi la ligne de démarcation pour se rendre en zone occupée. Elle était accusée d’avoir participé à une manifestation des Kurdes contre l’invasion de la Turquie d’Afrin. Cette manifestation avait eu lieu dans la partie libre de Chypre. Et Fadila Chikhou avait jeté une affiche représentant Recep Tayyip Erdogan par terre et l’avait piétinée, tout en tenant une affiche représentant Abdullah Ocalan, le leader kurde emprisonné en Turquie.
Au-delà des arrestations au sein de l’armée d’occupation turque et des fonctionnaires turcs qui y sont installés par Ankara dans la partie occupée de Chypre dans le sillage de l’invasion de 1974, notamment après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, les Chypriotes turcs sont de plus en plus menacés et opprimés par le régime d’Erdogan. En fait, la volonté d’Erdogan d’intégrer cette partie du territoire chypriote à la Turquie passe aussi par les voies répressives à l’encontre des Chypriotes turcs qui contestent sa politique chypriote.
Dernière question et pas des moindres : depuis quand lire un livre et parler est un délit passible d’emprisonnement ?
Ah oui, j’oubliais : un régime du début du siècle dernier a brulé massivement des livres sur la place publique…et, plus récemment, le gouvernement Erdogan a interdit quelques 140 000 livres de droit de cité dans les bibliothèques publiques turques car jugés subversifs et soutenant le terrorisme ; il s’agit des livres de Baruch Spinoza, d’Albert Camus et de Louis Althusser. Leurs ouvrages, entre autres, ont été retirés des bibliothèques publiques turques, au motif qu’ils mettaient en avant les idées du prédicateur Fethullah Gülen, ennemi juré du président turc, exilé aux États-Unis et accusé d’être le cerveau de la tentative de coup d’État de juillet 2016.

Charalambos Petinos, écrivain



This article comes from Diaspora Grecque
http://diaspora-grecque.com

The URL for this story is:
http://diaspora-grecque.com/article.php?storyid=6249