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le 19/1/2006 14:39:29


Chypre, porte d'entrée des immigrés dans l'UE.
ΧΑΣΤΟΥΚΙ ΤΗΣ "LE FIGARO" ΣΤΟ ΨΕΥΔΟΚΡΑΤΟΣ


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Des milliers de clandestins arrivent dans le nord de Chypre occupé par la Turquie et de là passent sur le territoire de l'Union européenne.

Article de Mr François Hauter
paru dans le journal "LE FIGARO" le 28 décembre 2005


ELENA POTORAN, née il y a vingt ans à Chisinau, en Moldavie, se souviendra toute sa vie de Chypre. C'est un vrai miracle que l'ambassadeur des Etats-Unis dans l'île ait réussi à la sortir du Crazy Night et à la sauver de la prostitution. Le cauchemar de la jeune fille a commencé il y a un an lorsque, après avoir accepté un contrat de serveuse à Chypre, elle a été vendue dès son arrivée à Nicosie au propriétaire d'un bordel du nord de l'île, dans la zone conquise par les Turcs en 1974 et qui, depuis, est devenue, selon l'expression d'un diplomate européen, «un Etat voyou».
Un «Etat» seulement reconnu par la Turquie, et qui sert aujourd'hui de refuge à tous les truands du Moyen-Orient et d'Europe. Un «Etat» couvert de centaines de maisons de passe rutilantes et de 37 casinos, où l'on blanchit l'argent des trafics de la drogue et de la prostitution en le déposant ensuite dans des banques offshore, près d'une centaine, toutes florissantes. Un «Etat» où plus de 10000 musulmans pakistanais, syriens ou bangladais arrivent tous les ans, grâce à un visa librement délivré par la Turquie, avant de passer tranquillement vers le sud de l'île. C'est-à-dire vers la République de Chypre, et donc, depuis 2004, l'Union européenne.
Bienvenue à Famagouste (Gazimaguza en turc) ou à Kyrenia (Girne). Au-dessus de ce dernier port, où se construisent par milliers les villas kitchs que les retraités et touristes britanniques s'arrachent, voici le vrai maître de cette «République turque de Chypre du Nord» (RTCN). Le chef d'état major du contingent turc occupe là, symboliquement, la villa de Mgr Makarios(1). Depuis ce nid d'aigle, il règne sur 35000 hommes répartis dans d'innombrables casernes.
Ces soldats «défendent» un territoire qui représente 37% de la superficie de l'île et qui compte 20% de ses habitants (700000 Chypriotes demeurent dans le Sud). Aux 100000 Chypriotes turcs déjà là en 1974, s'ajoutent bien sûr les soldats d'Ankara et leurs familles, plus 30000 ouvriers illégaux venus d'Anatolie, 16000 colons turcs enregistrés légalement ceux-là, et 19000 étudiants turcs. Ankara, qui paie tout ici, des routes jusqu'aux fonctionnaires, a aussi fait construire 320 mosquées dans la région et interdit que l'on restaure les 200 églises chrétiennes orthodoxes qui tombent en ruine.
Théoriquement, les habitants du Nord sont réputés plus pauvres que ceux de la partie grecque de l'île, au Sud. C'est difficile à croire: sur les routes qui sillonnent le Nord, c'est un défilé des voitures les plus extravagantes et les plus coûteuses du monde. Des maisons aussi vastes que des châteaux poussent comme des champignons, au même rythme que les bordels multicolores autour des bases militaires. «Cet endroit est le repère des mafias israéliennes, turques et albanaises. Une dizaine de caïds britanniques et israéliens y sont réfugiés et ne peuvent pas quitter ce territoire. Ils y prospèrent, car la route de la drogue venue d'Afghanistan passe par la Turquie, et l'argent est blanchi ici», constate un policier européen, avant d'ajouter: «L'autre industrie du Nord est la prostitution: les filles d'Europe de l'Est sont «cassées» dans les bordels militaires turcs de Chypre, avant de continuer en Albanie et de finir sur les trottoirs de nos villes d'Europe.»

Cette mésaventure a failli arriver à Elena Potoran. La maison close où elle a été vendue dès son arrivée à Chypre, le Crazy Night, est située dans la banlieue de la partie turque de Nicosie, sur la route de Güzelyurt (Morphou), entre le Sexy Lady, le Harem Night Club ou le Lipstick. Les établissements se remplissent de soldats turcs, dès le soir venu (les militaires turcs envoyés à Chypre y touchent trois fois leur solde normale).
L'histoire d'Elena raconte pathétiquement ce qu'est devenue la partie nord de Chypre. Le «propriétaire» d'Elena, un proxénète nommé Ailan, a d'abord fait violer par des clients cette jeune fille, avant de la faire opérer, dans des conditions sordides, pour lui faire élargir le vagin. Durant sa convalescence, Elena a réussi à prévenir son père, en Ukraine. Ce dernier s'est adressé à une organisation non-gouvernementale (ONG) spécialisée dans la défense des victimes de trafics humains, Strada International.
A Chypre, un prêtre russe orthodoxe, le père Savvas, a servi de relais et a approché les autorités turques. «Les fonctionnaires du Nord ont répondu qu'ils ne pouvaient rien faire, que le propriétaire du cabaret était un homme influent», raconte le père Savvas. Un diplomate européen confirme: «Les gens qui ont du pouvoir à Chypre Nord sont tous acoquinés avec les mafias qui ont l'argent.»
Le prêtre ne se découragea pas et se tourna vers Matthew Palmer, le chargé d'affaires de Washington à Chypre. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont les plus ardents défenseurs de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne (UE). Ankara ne peut rien refuser aux Américains. Palmer téléphona au «ministre de l'Intérieur» de la «République turque de Chypre du Nord», il exigea que la jeune Elena soit libérée. «Elle est aujourd'hui rentrée chez elle, explique le père Savvas, mais elle est complètement traumatisée.»

En 2005, près de 11000 immigrants illégaux sont arrivés dans le nord de Chypre occupé par les Turcs. La Turquie accorde gratuitement des visas aux ressortissants des pays de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), visas qui sont valables pour la «République turque de Chypre du Nord». Arrivés là, moyennant 4000 dollars, ces faux «touristes» seront acheminés à travers la ligne de démarcation entre le nord et le sud de Chypre, mal surveillée par les Casques bleus de l'ONU, puis embarqués comme (faux) marins ou dans des containers vers le continent européen. La Turquie est ainsi devenue la complice de l'un des réseaux d'immigration illégale les plus efficaces vers l'UE.
Beaucoup de ces immigrants s'arrêtent dans la partie grecque de l'île, au sud. Là, sans permis de travail, ils sont traités comme des esclaves. Melopi, une jeune Sri-Lankaise, a signé un contrat de travail valable pour quinze ans. «Elle travaillera 78 heures par semaine, et 18 heures par jour chaque vendredi, samedi et dimanche», précise son contrat. Melopi, comme Elena, ne rêve que d'une chose: fuir Chypre.



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