Livre de Tigrane Yegavian "Escales arméniennes" (Références à Chypre)
Escales arméniennes (Références à Chypre
Je viens de terminer la lecture passionnante du dernier essai de Tigrane Yegavian, intitulé Escales arméniennes (Éditions ERICK BONNIER, 2025, Format 140x210 - 416 pages - 25€).
Une partie importante du livre est consacrée à la communauté arménienne de Chypre. En effet, l’auteur s’est rendu à Chypre où il a eu l’opportunité de rencontrer la communauté arménienne locale, dont l’origine remonte au génocide de la fin du XIXe-début XXe siècle. Au-delà de la présentation de la communauté arménienne, il fait l’historique du problème chypriote avec l’occupation turque qui dure depuis plus de cinquante ans.
Tigrane Yegavian, journaliste, essayiste et chercheur rapporte dans ce livre toute son expérience de vie et de travail. Il retrace des parcelles de son parcours, en glanant, dans les archives du mensuel France Arménie pour lequel il collabore, des reportages en Turquie, en Syrie, au Liban, à Chypre, en Arménie. Il rassemble des textes éparpillés dans l'espace et le temps et nous fait découvrir le visage pluriel de la diaspora arménienne. Il témoigne de son époque et des défis auxquels est confronté le peuple arménien.
Une partie du livre est dédiée aux portraits des personnalités du monde des arts et de la pensée, une autre est consacrée aux entretiens et encore une autre à ses articles d'opinion qui nous donnent à réfléchir sur le présent et le devenir d'une nation fragmentée et en proie à des questionnements de nature existentielle. Yegavian parle de l’Arménie plurielle et diverse, de la diaspora riche et variée.
Il ne s’agit pas d’un énième livre sur l’Arménie ou sur le génocide arménien. Ce livre va au-delà des clichés habituels qui collent à la peau de l’Arménie.
L’auteur tente de cerner la pensée arménienne sans se focaliser sur la victimisation et le trauma du génocide et du folklore mémoriel dont les communautés arméniennes peuvent être tentées d’abuser, comme c’est le cas de nombreuses communautés / minorités vivant dans des pays étrangers. Et il n’est jamais facile de tracer une ligne entre la diaspora et la population vivant sur place et faisant face aux difficultés du quotidien d’un pays attaqué, menacé et cerné de toutes parts. Forcément, les problèmes du quotidien et de la survie ne sont pas les mêmes, dont le hiatus qui peut paraitre entre diaspora et communauté nationale vivant dans le pays, sur place.
Le cheminement personnel et familial de Tigrane Yegavian - entre le Moyen-Orient, le Portugal et la France -, ont été dictés et dirigés par cette histoire qu’il envisage de manière lucide sans jamais tomber dans la lamentation ou la pleurnicherie. Le déracinement, l’exil, l’éternel déplacement sont, de ce fait, omniprésents.
Enfin, l’auteur n’est pas un novice dans l’étude des diasporas. Il a déjà publié avec le comédien et réalisateur Serge Avédikian un livre sous forme de dialogues (DIASPORALOGUE, Éditions THADDÉE, 2017). Les principales interrogations qui jalonnaient les pages de ce livre avaient déjà trait à l’histoire des Arméniens (surtout de France), la façon dont ils vivent leur double, voire triple, appartenance et la difficulté concernant la transmission de la culture d’origine aux jeunes générations.
CHARALAMBOS PETINOS

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