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CHYPRE : ALEXANDRE DEL VALLE
le 4/12/2007 9:54:25

L’adhésion de la Turquie à l’Union européenne passe-t-elle par Chypre ?

L’adhésion de la Turquie à l’Union européenne passe-t-elle par Chypre ?
Par Alexandre del Valle

En février 2008, les Chypriotes éliront leur Président. Ils choisiront entre le candidat de droite Ioannis Cassoulidis, ancien ministre des affaires étrangères, Costas Themistocléous, ancien ministre de Clérides, Dimitri Christophias, secrétaire général du parti communiste AKEL et Président du parlement, puis le Président sortant, Tassos Papadopoulos, issu du parti démocratique du centre. Alors que le Plan Annan de réunification de l’île et de l’occupation de Chypre en 1974 par la Turquie ont rendu cette campagne très vive, Alexandre del Valle a rencontré pour France Soir les dirigeants chypriotes.


Alexandre DEL VALLE est l’auteur du Dilemme turc, Les Syrtes, 2006. Vous pouvez le retrouver online sur : http://www.alexandredelvalle.com/

Qui est Alexandre DEL VALLE
Essayiste, Géopolitologue, co-fondateur de l’Observatoire géopolitique de la Méditerranée (basé à Chypre) ; Membre du Conseil de Rédaction de la Revue française de Géopolitique Outre Terre, Alexandre Del Valle inscrit toutes ses études, interventions et écrits dans le cadre de la démarche géopolitique qui consiste à étudier « les rivalités de pouvoirs autour des territoires ou ressources », ainsi que les « représentations » développées par les acteurs en lice.


L’occupation turque au centre de la campagne pour les élections présidentielles

Personnage central de la vie politique chypriote depuis 1960, Papadopoulos est presque certain d’être réélu, mais il reste humble et prudent. Il nous reçoit dans sa résidence personnelle, marquée par le charisme du président Mgr Makarios, figure des Non Alignés et artisan de l’indépendance nationale arrachée aux Anglais en 1960. Papadopoulos, qui fut à 21 ans un de ses ministres, en parle encore avec émotion, rappelant nos Gaullistes historiques. Toujours en tête des sondages, Tassos Papadopoulos est crédité du fait qu’en 2004, il a fait campagne pour le non au référendum sur le Plan Annan, qui proposait une réunification de l’île sur des bases favorables aux occupants turcs, selon les Chypriotes grecs, qui le rejetèrent à 70 %. Il se félicite cependant d’avoir joué la carte de Bruxelles en ne bloquant pas la candidature de la Turquie, bien qu’Ankara refuse toujours de reconnaître la République de Chypre, colonise le pays (160 000 Anatoliens installés dans le Nord depuis 1974 et habitant les maisons des Grecs chassés par l’invasion turque), et persiste à refuser d’ouvrir ses ports et aéroports aux pavillons et avions chypriotes, en violation du protocole d’Union douanière européen, dont Ankara est signataire. L’idée est « d’exercer des pressions sur la Turquie, qui sait que Chypre pourrait entraver, par son véto, sa marche vers l’adhésion ». Peu suspect de faiblesse envers la Turquie, Papadopoulos explique que cette stratégie « a porté des fruits, puisque les violations de la souveraineté chypriote par la Turquie sont aujourd’hui pris en compte par l’UE, qui exige comme condition à l’adhésion qu’Ankara reconnaisse la République de Chypre, renonce à la partition et ouvre ses ports et aéroports à Chypre ».
Mais deux évènements récents ont jeté de l’huile sur le feu : l’accord conclu entre les Premiers Ministre anglais Gordon Brown et turc Recep T. Erdogan, visant à reconnaître au niveau international la république illégale turque de Chypre du Nord (RTCN) ; puis les déclarations sécessionnistes du Président turc Abdullah Gül, en visite dans le Nord, appelant à la partition au motif qu’il y aurait « deux peuples, deux Etats et deux religions ». Véritable violation des règles internationales et européennes, qui condamnant toute tentative de reconnaître l’entité occupante du Nord, ces évènements risquent de pousser Chypre à refuser d’ouvrir des nouveaux chapitres de l’acquis communautaire*, dans le cadre des négociations UE-Turquie, voire d’opposer à terme son veto à l’adhésion turque. Pour Papadopoulos, ces deux évènements violent le Traité d’indépendance et la Constitution chypriotes qui confèrent à la Grande Bretagne et à la Turquie, anciennes puissances coloniales, le statut de « puissances garantes », à condition de ne entraver l’Unité de la République de Chypre, membre de l’Union et dont le Nord turc est un territoire européen occupé par la Turquie et où est « suspendu l’acquis communautaire » jusqu’à réunification.
Georges Lillikas, Directeur de Campagne du Président Papadopoulos, ancien Ministre de l’économie et des affaires étrangères, et ex-numéro deux du Gouvernement, est lui aussi confiant dans la stratégie européenne, même s’il rappelle que les négociations avec les 26 autres Etats « sont souvent difficiles ». Pour lui, Chypre a avec elle la légalité de l’UE, qui ne reconnaît que la République de Chypre et donnera raison in fine à Nicosie : « même si cela se produit dans 10 ou 15 ans, si la Turquie persiste à refuser de reconnaître Chypre et à violer ses engagements européens (accord d’Union douanière*, etc, ndlr), elle n’adhèrera tout simplement pas à l’UE ». Pour lui, les déclarations du Président turc Gül appelant à la sécession du Nord « sont graves, car pour la première fois, la dimension religieuse a été introduite par les dirigeants islamistes turcs, ce qui est inquiétant dans le contexte actuel d’intégrisme islamique ». Grand ami de la France, Lillikas a confiance dans la position de Paris sur Chypre et l’adhésion turque, ainsi que dans le projet cher à Nicolas Sarkozy d'Union méditerranéenne, qui constituerait « un espace commun pour la Méditerranée » et « un pont entre l'UE et les pays tiers de la Région ». Il est d’ailleurs l’auteur de l’accord de Défense et de coopération historique (2007) entre la France et Chypre, assortie d’échanges en matière de francophonie, dont il est un ardent défenseur. Une idée que partagent d’autres leaders chypriotes de bords opposés, comme le chef du Parti de la Démocratie européenne, Podromos Podromou (voir encadré), proche de Cassoulidis, pour qui la francophonie pourrait contrebalancer la dépendance vis-à-vis de la Grande Bretagne et les bases militaires anglaises. Bref, une diversification géopolitique et une façon de récompenser la France, l’une des rares capitales à converger avec ce petit Etat de l’UE, plus important qu’il n’y paraît en raison de sa position géographique, voisin du Liban, de la Syrie, d’Israël et de l’Egypte.
Prodromos Prodromou est critique envers le Président Papadopoulos. Et ses positions ont un poids en raison de ses positions médiatiques en faveur du « non » au Plan Annan ». N’étant pas membre du Gouvernement, il dit tout haut ce que les Chypriotes pensent tout bas : « le mémorandum de Gordon Brown vise à « légaliser et faire reconnaître la république illégale du Nord occupée par la Turquie sous prétexte de favoriser le tourisme, le commerce direct ». En « s’engageant à aider les autorités du Nord à obtenir deux sièges au Parlement européen, il porte atteinte à l’intégrité de Chypre ». De ce fait, le statut de « Puissance garante » qui fonde la présence anglaise dans l’île « est aujourd’hui « injustifié car Londres légitime l'occupant turc». Les bases britanniques sont « l’héritage de l’époque coloniale. Il faudrait les mettre à la disposition de l’OTAN et de l’UE ; or Papadopoulos, prisonnier du parti communiste, hostile à l’OTAN, n'a jamais osé le proposer, ce qui est dommage ». « Londres, qui occupe 3 % du territoire chypriote, ne paie rien, alors que la France paie une somme considérable pour une présence moindre à Djibouti ». Moins euro-enthousiaste que Papadopoulos et Lillikas, Prodromou craint que Bruxelles «œuvre au désenclavement la soi-disant RTCN », car « les Britanniques influencent la Commission de Bruxelles, via le Commissaire européen à l’élargissement Oli Rehn ». Prodromos dénonce également comme naïve la stratégie de Nicosie visant à ne pas bloquer l’adhésion turque : « si on avait mis un veto à la candidature turque, ça les aurait obligé à faire des efforts. Nous avons fait l'erreur de ne pas bloquer les chapitres ». « Il fallait s’assurer que les Turcs fassent des pas vers nous avant. Après c’est trop tard : la Turquie viole l’espace aérien et maritime de Chypre chaque jour, ainsi que les frontières grecques à la veille de chaque réunion internationale, c’est la stratégie de l’intimidation ! » Pour les Turcs, le simple statut de pays candidat est déjà beaucoup. Ils savent jongler. Mais ils ne feront pas plier Sarkozy, qui restera opposé à la Turquie dans l'Europe ».


Chapitres* de l’Acquis communautaire » :règles, accords et juridictions européens acquis depuis 1957 et auquel doivent se conformer les candidats pour être admis.

Union Douanière* : signée par l’UE et la Turquie en 1995. Prévoit la libre circulation des biens et personnes, l’abaissement des droits de douanes, etc.

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