Monsieur THEODORIDES,dernier maître chamoiseur de France

LE DERNIER MAITRE CHAMOISEUR DE FRANCE EST GREC





Depuis la liquidation récente de l'empire industriel de la chamoiserie Boinot, à Niort, la Chamoiserie de France, installée à La Crèche depuis
1997, est désormais bien seule à perpétuer la tradition des maîtres chamoiseurs.
Antoine THEODORIDES, patron de la Chamoiserie de France est grec et créchois de cœur ( La Crèche, ville du département des Deux Sèvres) depuis 1997, ne renie pas ses origines grecques et l'attrait familial pour le commerce des éponges et des peaux de chamois. "Mon grand-père, installé sur l'île de Kalymnos, faisait le commerce des éponges avec la cour du tsar à St Pétersbourg. En 1918 ma famille s'est rapprochée de Marseille, puis Bordeaux. Mon père avait repris le négoce des éponges. J’ai arrêté volontairement mes études de pharmacie pour suivre ses pas..."

Photo : Mr et Mme THEODORIDES


40 ouvriers

Le jeune vendeur s'est très vite rapproché des industriels niortais du
chamoisage (tannage des peaux par traitement aux huiles de poissons),
technique unanimement reconnue dans le monde entier dans l'entre-deux
guerres et complément naturel de l'activité familiale des Théodorides.
"L'essor de la grande distribution et ses carnets de commande importants
nous ont décidés, mon frère et moi, à nous lancer dans le tannage des peaux,
afin de tenter de maîtriser le marché porteur. Nous avons investi toutes nos
économies -- 5 millions de francs-- pour nous installer à la Crèche dans une
usine aux outils modernes et employant 40 ouvriers."

Marché des peaux

Depuis cette création créchoise, jour et nuit, Antoine Théodorides ne pense
qu'aux peaux, celles des moutons commandés en France, ou venues
d'Angleterre, d'Espagne ou de Nouvelle-Zélande. "Le marché des peaux est
encore plus sensible que celui du pétrole ,note l'industriel qui ne pense pas
un seul instant à la retraite, préférant entre deux voyages lointains, humer
dans les ateliers l'odeur de l'huile de poissons, élément indispensable pour
rendre perméable le cuir ovin. Antoine Théodorides est insatiable quand il
s'agit d'évoquer la technique ancestrale du tannage portée fièrement durant
des lustres par les industriels niortais.

Conteneurs de chine

Nous sommes les derniers à cultiver ce savoir-faire typiquement français...deux-sévriens. Il est bien dommage que Boinot, fer de lance de la tannerie d'excellence ait succombé des coups de boutoirs de l'économie mondiale. Nos produits n'ont rien à voir avec ceux qui arrivent par conteneurs entiers de l'étranger et notamment de Chine. On a tout risqué voilà 10 ans, sans les banques, avec le seul soutien des pouvoirs publics. Aujourd'hui, ce sont 40 emplois conservés dans la
douleur mais aussi la fierté d'avoir réussi notre pari de qualité, de suivi de nos produits. C'est à ce prix- là que nous sommes encore reconnus face à la concurrence étrangère."

Comme les hommes!

"La peau de chamois n'est qu'un chiffon amélioré", sourit l'industriel en prenant dans ses mains le produit de son travail. "Les peaux sont comme les hommes, pas deux pareilles!" Avec 50 % de peaux et 50 % de produits dérivés, l'activité de la Chamoiserie de France touche aujourd'hui plus de 1500 clients référencés en France et dans l'Europe entière. "Nous continuons à nous battre pour mettre en avant ce savoir-faire souvent copié mais jamais égalé..."


Claude Gustin
courrier de l'ouest