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RESUMES-(cliquez) : DETTES GRECQUES
le 12/9/2015 15:34:11

De l’utilité des dettes. Une incursion dans l’histoire de la démocratie athénienne sur fond de crise économique actuelle.

Par Charalambos Petinos
Historien et écrivain


Les discussions vont actuellement bon train ; la question de la dette grecque est devant la scène économique et politique européenne et mondiale. De Christine Lagarde, à Dominique Strauss-Kahn en passant par Thomas Piketty et Paul Krugman, tous considèrent que la dette grecque est insoutenable, qu’une restructuration est nécessaire voire vitale. Sinon, le peuple grec ne verra jamais la sortie du tunnel et ne recouvrera jamais son indépendance.

En considérant cette situation, je n’ai pu m’empêcher de penser au grand législateur Athénien Solon, un des maillons primordiaux de la naissance de la démocratie à Athènes. Ce premier régime démocratique a par la suite, en passant par Rome, fécondé l’Occident…

Aristote, dans son « La constitution d’Athènes » (1) nous transmet l’évolution de ces réformes. En schématisant au maximum, nous pouvons dire que Solon a réussi à libérer ses concitoyens du poids des dettes insupportables qui les menaient droit à l’esclavage ! Quelle coïncidence ! Le propos est toujours d’actualité.

Mais, revenons à l’histoire d’Athènes. Avant Solon, la constitution en vigueur était celle établie par Dracon. Les lois de Dracon stipulaient que les prêts pouvaient avoir les personnes pour gages. La terre étant dans un petit nombre de mains, les paysans pauvres s'endettaient auprès des riches ; lorsqu'ils ne pouvaient plus rembourser, leurs propriétés sont saisies par les créanciers. Les agriculteurs deviennent alors des métayés (partage des récoltes) antichambre de la servitude (2). Aristote dit :
« Telle était, dans ses grands traits, la première constitution. Ensuite et avant qu'un long temps se fût écoulé, sous l'archontat d'Aristaechmos, Dracon établit ses lois. En voici l'économie.

Les droits politiques étaient réservés à ceux qui étaient en état de s'armer. Ceux-ci élisaient les neuf archontes et les trésoriers parmi les citoyens possédant une fortune d'au moins dix (?) mines, libre de toute charge; les magistrats inférieurs, parmi les citoyens qui étaient en état de s'armer; les stratèges et les hipparques, parmi ceux qui prouvaient une fortune d'au moins cent mines, exempte de toute charge, et qui déclaraient des enfants légitimes, nés d'un mariage légitime et âgés d'au moins dix ans. Tous ces magistrats étaient, jusqu'à la reddition des comptes, placés sous la surveillance des prytanes, des stratèges et des hipparques de l'année d'avant. [Les contrôleurs des comptes étaient de la même classe que les stratèges et les hipparques].

Le Conseil était formé de quatre cent un membres, désignés par le sort parmi les citoyens. Pour se présenter au tirage au sort de cette charge et des autres magistratures, il fallait être âgé de plus de trente ans, et nul ne pouvait en exercer une deux fois avant que tous les candidats fussent tombés au sort: le tirage recommençait alors avec tous les noms. Tout Conseiller qui manquait une séance du Conseil ou de l'Assemblée du peuple était condamné, s'il appartenait à la classe des Pentacosiomédimnes, à trois drachmes d'amende; à deux, s'il était de la classe des cavaliers; à une, s'il était zeugite.
Le Sénat de l'Aréopage était le gardien des lois et veillait à ce que tous les magistrats s'y conformassent dans l'exercice de leur charge. Tout citoyen victime d'une injustice de la part d'un magistrat avait le droit de déposer une accusation devant l'Aréopage, en produisant la loi violée à son détriment.

Mais, comme on l'a dit, les pauvres étaient soumis à la contrainte par corps pour dettes, et la terre était toujours entre les mains d'un petit nombre d'hommes (3). »

La situation devenant intenable, et la richesse concentrée entre les mains d’un petit nombre. les Athéniens ont choisi Solon comme conciliateur pour réformer les lois : « Un pareil régime et l'asservissement de la multitude au petit nombre soulevèrent le peuple contre les nobles. La lutte fut acharnée et les deux partis étaient depuis longtemps debout l'un contre l'autre, quand ils s'entendirent pour prendre Solon comme conciliateur et l'élire archonte.

Ils s'en remettent à lui du soin de réformer la constitution, se souvenant de cette élégie qu'il avait faite et dont voici le début: Je sais tout le mal et je souffre au fond de mon cœur, quand je vois l'aînée des terres d'Ionie...

Dans la suite, il attaque à tour de rôle les uns et les autres, et leur donne tort et raison pour les pousser enfin à mettre, d'un commun accord, un terme aux dissensions qui se sont élevées entre eux.

Solon, par sa naissance et par sa réputation, comptait parmi les premiers des citoyens; par sa fortune et sa situation, il faisait partie de la classe moyenne. On le sait d'ailleurs et lui-même le proclame dans ces vers, où il exhorte les riches à la modération: Sachez calmer en vos cœurs la violence de vos sentiments, vous qui en êtes venus au dégoût de vos biens trop abondants. Sachez maintenir votre grande âme dans la modération, car pour nous, nous ne vous céderons pas, et tout n'ira pas droit pour vous.

C'est ainsi qu'il rejette toujours sur les riches toute, la responsabilité des dissensions. Aussi dit-il au commencement de son élégie, qu'il redoute l'avarice et l'orgueil, d'où est née la haine. Devenu maître du pouvoir, Solon affranchit le peuple, en défendant que dans le présent et à l'avenir la personne du débiteur servît de gage. Il donna des lois et abolit toutes les dettes, tant privées que publiques. C'est la réforme qu'on appelle la délivrance du fardeau, par allusion à la charge qu'ils avaient comme rejetée de leurs épaules (4). »

Solon a procédé à ces réformes qui ont mécontenté aussi bien les nobles propriétaires de grands domaines que les pauvres qui espéraient un partage des terres ci qui n’a pas été fait. Même imparfaite, cette constitution a ouvert la voie à la démocratie en libérant le peuple du fardeau de la dette qui le conduisait à l’esclavage. Nous lisons encore de l’œuvre d’Aristote : « Dans toute la constitution de Solon, trois mesures semblent avoir été particulièrement favorables aux progrès de la démocratie: d'abord et surtout, l'abolition de la contrainte par corps pour dettes; ensuite, la faculté donnée à chaque citoyen de poursuivre les auteurs des injustices commises au détriment de qui que ce fût; enfin le droit d'en appeler au tribunal. Ce fut, dit-on, ce qui donna dans la suite tant de puissance au peuple; car, rendre le peuple maître du vote, c'est mettre toute la constitution à sa merci. Ajoutons que, ses lois étant d'une rédaction obscure et compliquée, comme par exemple la loi sur les héritages et sur les épicières, il en résultait nécessairement nombre de contestations, si bien que le règlement de tous les différends, privés et publics, appartenait aux tribunaux. Certains pensent que Solon a recherché cette obscurité pour ses lois, afin d'attribuer au peuple le droit de décider en cas de conflit. Mais cette explication est peu vraisemblable. La vérité est qu'il lui était impossible d'atteindre la perfection, étant donné le caractère général des lois. Aussi bien n'est-ce pas d'après ce qui se passe aujourd'hui, mais d'après l'ensemble de ses réformes politiques, qu'il est juste de juger ses desseins (5). »

Enfin, Aristote nous dit que Solon a souhaité prendre ses distances (physiques et institutionnelles) de sa législation afin de ne pas être tenté ou avoir à intervenir ou encore l’interpréter : « Une fois l'ordre établi dans la Constitution, comme il a été dit, les Athéniens allaient trouver Solon et l'importunaient de reproches ou de questions au sujet de ses lois. Ne voulant pas y toucher, ni exciter la haine en restant plus longtemps, il entreprit un voyage d'affaires et d'études en Égypte: son absence, disait-il, devait durer dix ans. A son avis, en effet, il n'était pas juste qu'il restât pour interpréter ses lois, mais chacun devait se conformer à la lettre de la loi. En même temps, beaucoup de nobles lui étaient devenus hostiles à cause de l'abolition des dettes, et les deux partis avaient changé d'attitude à son égard, parce que sa constitution n'avait pas répondu à leur attente: le peuple croyait que Solon ferait un partage de toutes les terres, et les nobles, qu'il les ramènerait aux institutions du passé ou qu'il s'en écarterait peu. Mais lui s'était opposé aux deux partis, et alors qu'il eût pu, avec l'appui de l'un ou de l'autre, usurper la tyrannie, il avait préféré, au prix de la haine de tous deux, sauver sa patrie et établir les meilleures lois (6). »

Pour résumer, avec les réformes de Solon, les esclaves retrouvent leur statut d'homme libre, à tel point qu'il faut que les ex-maîtres rapatrient les citoyens qu'ils avaient expédiés à l'étranger ou dans les colonies du pourtour de la mer Noire. De plus, la nouvelle loi interdisait dorénavant de prêter en prenant les personnes pour gages. Il s’agit de la sisachthie, le « rejet du fardeau » (7).


Notes

1. ARISTOTE, LA CONSTITUTION D’ATHENES, Traduction de Jules Barthélemy-Saint-Hilaire. Paris : Ladrange, 1838. Œuvre numérisée par J. P. MURCIA http://remacle.org/
Nouvelle édition numérique http://docteurangelique.free.fr 2008.
2. Marianne du 17 juillet 2015.
3. ARISTOTE, LA CONSTITUTION D’ATHENES, CHAPITRE IV: II. - ÉPOQUE DE DRACON
4. ARISTOTE, LA CONSTITUTION D’ATHENES, CHAPITRES V et VI : III. - ÉPOQUE DE SOLON
5. ARISTOTE, LA CONSTITUTION D’ATHENES, CHAPITRE IX: SOLON - Éléments démocratiques de sa constitution.
6. ARISTOTE, LA CONSTITUTION D’ATHENES, CHAPITRE XI: SOLON - Mécontentement général après les réformes de Solon.
7. 2. Marianne du 17 juillet 2015.
8. Photo de Solon, source : Encyclopédie Wikipédia.

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