Port de Bouc : soirée d’amitié et de solidarité



L’Association d’Amitié France Chypre et la Municipalité de Port de Bouc ont organisé une manifestation autour du 150ème anniversaire de la ville, de l’Association qui a fêté ses 22 ans et le 56ème anniversaire de l’indépendance de la République de Chypre.
La soirée a commencé par une table ronde autour de ces trois thèmes.

Le modérateur du débat Roland Joly, ancien Président de l’Association d’Amitié France-Chypre, après une présentation introductive de la soirée a laissé la parole à la Présidente de l’Association Madame Hélène Taïoglou qui a délivré un massage d’amitié, de solidarité et du vivre ensemble dans cette ville mosaïque. Elee a notamment rendu hommage à quatre enfants du pays qui ont marqué la ville et la société.
Mais, laissons la parole à Madame Taïoglou : « Aujourd'hui, nous sommes ici, à Port de Bouc, pour participer à l'anniversaire de notre Ville, de notre association et celui de la république de Chypre.
Cela va nous conduire à parler de notre Président -fondateur, de sa famille, et de son amour pour l'ile de Chypre qui est devenue l'histoire de notre association. Cela va nous mener à parler du cadre dans lequel notre association est née et a grandi, c'est à dire notre ville, qui fête cette année son 150ème anniversaire.
Notre ville a des valeurs de liberté, de solidarité, d'amitié qui nous soudent et nous dépassent. Nous sommes tous venus d'ailleurs, en raison d'événements graves : guerre, politique ou travail... Et Port de Bouc nous a permis de reconstruire une nouvelle histoire : la nôtre et la sienne.
Les racines de notre association plongent dans l'histoire de notre ville avec des noms qui appartiennent tout à la fois à la ville et à l'association : Jean et Marie Scarulli, Michel Vaxès, Sauveurs Lartas, Louis Vernet et tant d'autres militantes et militants de la paix, de la solidarité, de l'amitié entre les peuples, qui ont su insuffler, chacun à sa manière, les valeurs dont elle bénéficie aujourd'hui. »
Madame Taïoglou a rappelé ensuite la dure réalité de l’occupation turque et des atrocités commises par l’occupant et a poursuivi : « Depuis 1974, Nicosie, sa capitale et l'île entière sont toujours coupées en deux par un mur qui n'a pas encore été abattu… Alors que Chypre est membre de l'Union Européenne depuis 2004. Ainsi donc une Capitale et un pays de cette union sont occupés par une armée étrangère sans que cela pose un quelconque problème à nos dirigeants européens !
Comme les peuples de beaucoup trop de pays, les chypriotes sont séparés par des murs visibles et bien matériels, des frontières et des ghettos, et d'autres moins visibles mais tout aussi néfastes, ceux du racisme, de la xénophobie, des intégrismes religieux et politiques, du sexisme, des inégalités sociales et ethniques, des murs de l'argent et des intérêts géostratégiques des états et des grandes multinationales.
Ces murs s'érigent partout dans le monde, en France et à Port de Bouc parce que ce qui domine partout, est un système économique qui prône le « chacun pour soi » et la loi de l'argent contre l'humain et l'écosystème de la planète !
Chypre est emblématique de cette réalité, qui est aussi celle de notre peuple et de tous les peuples du monde. »
Enfin, elle a fait part de l’initiative commune avec d’autres Associations locales avec la création du collectif « de mon quartier à la planète, faisons tomber tous les murs qui nous divisent ». Revenant à l’actualité elle a précisé : « Une dramatique circonstance de l'histoire a voulu que cette initiative, que nous avions programmé pour le 14 novembre de l'année dernière a coïncidé avec les ignobles attentats du 13 novembre à Paris et St Denis. Ceux-ci, loin de nous décourager, ont renforcé notre détermination à lutter contre toutes les tentatives de division de notre peuple et des peuples qui souffrent de la guerre, de l'oppression.
Le collectif interpelle les citoyens et leur propose de réfléchir sur notre société et sur ce qui nous rassemble pour mettre en priorité les besoins humains et la sauvegarde de la planète. Parce qu'il existe des murs visibles et des murs psychologiques à faire disparaître.
La société, en Occident, par ses inégalités, ses richesses mal distribuées, crée des murs qui nous séparent. La politique, par l'intervention de certains médias, nous conduit à penser différemment et nous amène à devenir des adversaires....
Chacun derrière son mur. Alors que nous devons tous agir pour l'intérêt général.
Une politique imposée par des instances économiques et technocratiques, comme dans l'Union européenne ou par des états dominants, déclenche : guerres, racisme, extrémisme, violence, pauvreté, et aujourd'hui exode de milliers d'individus. Tous nos repères sont déformés et remis en cause. A travers les thèmes du débat, les textes, les poèmes, les chants, qui vont suivre, nous garderons ce fils conducteur qui fait notre passé et notre présent, l'image de tous nos amis : Jean, Michel, Sauveur, Louis, pour défendre cette ile qu'ils ont tellement aimée. »
Ensuite, le Maire de Port de Bouc Madame Patricia Fernandez-Pedinielli a évoqué avec passion les réalisations de la ville de Port de Bouc insistant sur la mosaïque des populations qui la composent et qui ont toujours su tiré profit de cette diversité qui constitue la richesse de la ville et son caractère profond.
Madame le Maire a également longuement évoqué la question des réfugiés en provenance de la « jungle de Calais » et dont certains ont été accueillis à Port de Bouc.
La discussion, riche en contenu et en émotions, animée par Roland Joly a permis aux panelistes Charalambos Petinos, Conseiller de Presse de l’Ambassade de Chypre en France, à Alkis Voskarides, Consul Honoraire de la République de Chypre à Marseille, à Madame Evelyne Santoru-Joly, Conseillère Départementale et à Monsieur Gérard Frau, Conseiller Départemental, d’échanger avec le public – nombreux – sur tous les thèmes évoqués plus haut.
La soirée a continué avec la lecture de poèmes par Costa Xenides – poèmes écrits par lui-même et par Jean Scarulli, avec un accompagnement musical. L’émotion était à son comble à la lecture d’un texte de la fille de Jean Scarulli, Christiane.
La soirée s’est poursuivie par des chants de la Chorale de l’Association « D’autres voix » et finie par le partage du verre de l’amitié.